L'immunité désignait initialement la résistance d'un organisme vis-à-vis d'un agent
infectieux. Cette définition s'est ensuite élargie à l'ensemble des réactions tendant à éliminer
des substances étrangères (im-munus : im, particule latine marquant la négation ; munus :
charge, impôt, immunitas : dispense ou exemption de charge). L'immunité peut donc être
définie comme l'ensemble des mécanismes biologiques permettant à un organisme de
reconnaître et de rejeter ce qui lui est étranger, le "non soi", ou ce qui est altéré de ses propres
constituants, tout en reconnaissant et en tolérant ce qui lui appartient en propre, le "soi".
En fait, le système immunitaire (SI) protège l’organisme contre quatre grands groupes
de pathogènes définis selon les mécanismes immunologiques développés contre eux et selon
leur habitat naturel (extra- ou intracellulaire) : 1) Les bactéries, les parasites et les
champignons extracellulaires, 2) les bactéries et les parasites intracellulaires, 3) Les virus
(intracellulaires) et 4) Les vers parasites extracellulaires. Actuellement, 208 virus, 538
bactéries, 317 champignons, 287 vers parasites ainsi que 57 protozoaires parasitaires sont
répertoriés.
La mise en action du SI implique un grand nombre de mécanismes de défense adaptés à l’agent infectieux et à son comportement à l’intérieur de l’organisme hôte. En effet, les agents infectieux ont des voies d’entrée dans l’organisme hôte variées (peau / muqueuses respiratoire, digestive ou
génitale), des habitats variés (extracellulaires/ intracellulaires) et des mécanismes variés
d’induction des pathologies.
L'immunité met en jeu deux processus : l'immunité innée ou naturelle, d'action
immédiate, qui fait intervenir des cellules responsables de la phagocytose, et l'immunité
spécifique ou acquise (adaptative), qui se développe en quelques jours et dépend de la
reconnaissance spécifique de la substance étrangère, prélude à sa destruction ; elle garde le
souvenir de la rencontre. Ces deux processus de défense ne prennent en charge qu’un infime
nombre de pathogènes infectieux. L’immense majorité des microorganismes pathogènes (plus
de 99,9 %) sont, en réalité, éliminés ou au moins empêchés de pénétrer l’organisme hôte par
les barrières de l’ante-immunité : barrières anatomiques, physiologiques et microbiologiques
I. L’ante-immunité :
Empêcher l'introduction de l'agresseur est d’abord le rôle de la barrière cutanéomuqueuse
(couche cornée de la peau et l'épithélium des muqueuses). Cette barrière constitue
la première ligne de défense non spécifique : imperméabilité de la peau, actions antifongique (par certains acides gras) et antibactérienne (par l'acide lactique) du sébum et de la sueur,
opposition à l'implantation de bactéries virulentes par la flore commensale, mouvements des
cils vibratiles ou larmes, salive, mucus nasal et bronchique, suc gastrique, bile de la barrière
épithéliale muqueuse.
Mécaniques
(anatomiques)
- Cellules épithéliales (jonctions serrées & couche kératinisée)- Flux d’air et de liquide
- Mucus (mucines enrobent le pathogène pour inhiber l’adhésion à
l’épithélium)
- Mouvements de cils des muqueuses (rejet des pathogènes vers l’extérieur)
Physiologiques
(chimiques)
- Température corporelle (fièvre inhibe la croissance de certains pathogènes)- Acides gras (glandes sébacées du derme)
- Médiateurs chimiques (lysosyme "enzyme antibactérienne sécrétée dans les
larmes et la salive", pepsine, interférons et complément)
- pH acide (tue la plupart des microorganismes : estomac, vagin)
- Peptides antibactériens (β-défensines, peau et tractus respiratoire ; α-
défensines = Cryptidines, cellules de Paneth de l’intestin)
Microbiologiques
Flore normale :- Compétition
- Substances antibactériennes (ex: colicines produites par E. Coli)
Avec les barrières anatomiques, ils existent des barrières physiologiques renforçant
l’action de l’ante-immunité : la température corporelle, le pH et les médiateurs chimiques tels
que le lysozyme, les interférons et les éléments du complément.
La flore normale des organismes hôtes (flore commensale) constitue également une
barrière de l’ante-immunité, puisqu’elle représente une barrière microbiologique capable
d’exercer des actions de bactéricidie contre les bactéries pathogènes comme elle peut nuire à
leur croissance et à leur développement en entrant en compétition avec eux en rapport,
notamment, aux éléments nutritifs.