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LES BRYOPHYTES : MOUSSES, SPHAIGNES, HEPATIQUES Particularités , divers groupes, écologie

GENERALITES :

Ce sont des végétaux anciens, assez discrets et méconnus, faisant la transition évolutive entre les algues (toutes à thalle) et les végétaux vasculaires ou supérieurs (tous à tige typique), tels que les ptéridophytes (fougères et prêles) et les plantes à fleurs. Les
bryophytes ne sont que partiellement émancipés du milieu aquatique. Ce sont des cryptogames, se reproduisant grâce à des spores libérées et disséminées par le vent et possédant un cycle à deux générations séparées.
Il y a environ 25 000 espèces de bryophytes dans le Monde, 1800 en Europe et 1300 à 1400 en France. Leur détermination précise est assez délicate et nécessite souvent loupe, microscope et ouvrages spécialisés complexes. De plus, il n’y a en général malheureusement pas de noms français et les noms scientifiques sont du gréco-latin, qui peut paraître rébarbatif quand on n’en a pas la signification précise ! Leur observation révèle souvent des formes et des caractères surprenants, et surtout plus variés que ce qu’on pense généralement.

APPAREIL VÉGÉTATIF ET ADAPTATIONS :

Dépassant rarement 20 cm de long et souvent beaucoup plus petit, il est constitué soit de tiges portant des petites feuilles peu épaisses et simplifiées (observables par transparence), soit d’un thalle ramifié aplati sur le substrat et plus ou moins épais. On est donc bien à un stade intermédiaire entre les thalles typiques des algues et les tiges complexes des plants supérieures.
Il n’y a donc pas de vraies racines, mais seulement des rhizoïdes filamenteux, et pas non plus de vrais vaisseaux conducteurs, mais seulement parfois des cellules allongées jouant ce rôle dans certaines tiges de mousses. Les bryophytes doivent donc absorber l’eau et les sels minéraux directement par imbibition et diffusion à travers les thalles, les feuilles ou les tiges ; pour augmenter la surface d’échanges, on peut citer les feuilles nombreuses
et très fines, des lamelles parallèles sur certaines feuilles (polytrics), un duvet de rhizoïdes sur certaines tiges …
Les feuilles de sphaignes ont deux types de cellules (voir doc plus loin) : des petites cellules vivantes et vertes entourant des grosses cellules mortes et translucides gorgées d’eau, d’où un fonctionnement « en éponge » suivant l’humidité ambiante. La croissance vers le haut des tiges de sphaignes dure très longtemps, ce qui permet l’accumulation des débris végétaux et la formation de tourbe, en conditions très humides et sans oxygène.
De plus, durant les périodes sèches ou froides assez longues, certaines mousses et hépatiques (des dunes, rochers, toits, troncs) perdent jusqu’à 90 % de leur eau interne et passent alors progressivement en vie ralentie ou anhydrobiose, avec arrêt de la croissance et du métabolisme. Pour certaines espèces adaptées à la grande sécheresse, cette phase peut durer des décennies. Par la suite, elles peuvent se réhydrater en quelques minutes pour reprendre une vie normale : c’est le phénomène de reviviscence, tout à fait caractéristique de ce groupe de végétaux.
Si certaines espèces vivent en pleine lumière, de nombreuses bryophytes supportent très bien, pour leur photosynthèse, une très faible luminosité, ce qui explique leur abondance en sous- bois ou à la base des troncs et des murs ombragés. En effet, ces habitats présentent souvent l’avantage compensatoire de garder longtemps une certaine humidité nécessaire à la survie des bryophytes.

REPRODUCTION :

La reproduction sexuée se déroule donc sans fleurs (cryptogame), avec une
fécondation encore aquatique et des gamètes mâles nageurs (caractère ancestral pour les végétaux), et produit, dans des capsules, de nombreuses spores de petite taille. Le cycle de vie comporte l’alternance de deux formes bien différentes, un peu comme chez les Ptéridophytes, mais avec certaines différences importantes.
En effet, si les frondes vertes des fougères correspondent, comme chez les conifères ou les tulipes, à la phase et à la génération comportant 2 lots homologues de chromosomes
par cellule (sporophytes diploïdes), la partie verte et la plus visible des bryophytes correspond par contre à la phase et à la génération ne comportant qu’un seul lot chromosomique par cellule (gamétophytes haploïdes). La fronde verte des fougères produit directement des spores, tandis que les tiges ou thalles verts des bryophytes produisent des gamètes.
Les capsules sporifères sont souvent portées par une soie et aussi parfois protégées par une coiffe ; l’ensemble soie-capsule-coiffe constitue le sporophyte diploïde et est donc l’équivalent de la fronde et du rhizome des fougères !
Deux exemples de cycle sont présentés ci-contre, ceux d’une mousse et d’une
hépatique. Les gamétophytes, à n chromosomes, y sont légendés en bleu et les sporophytes, appelés aussi sporogones chez les bryophytes, à 2n chromosomes, en vert.
Anthéridies et archégones sont les organes sexuels produisant les gamètes ; ils se forment sur les tiges ou dans les thalles des bryophytes à certaines périodes favorables de l’année,
surtout au printemps ou à l’automne, car il y fait assez chaud et pas trop sec.
Après la fécondation, l’embryon reste pour se développer dans le gamétophyte. Le sporophyte qui en résulte vit donc en parasite sur le gamétophyte, femelle ou bisexué suivant les cas ; il produit de nombreuses spores. Une fois sur le substrat humide, les spores de mousses germent pour donner un protonéma rampant à structure de type algue. 
A partir de ce protonéma, se développent ensuite les tiges dressées ou rampantes, pour aboutir à la plante entière mature que l’on peut observer toute l’année.
En plus de la reproduction sexuée ci-dessus, les bryophytes ont aussi souvent une multiplication végétative importante : fragmentation des tiges (sphaignes), corbeilles à propagules des hépatiques à thalle (Marchantia), filaments cassants partant des tiges, prolifération de propagules au bout de certaines feuilles (hépatiques type Lophozia, mousses type Orthotrichum) ou prolifération au sommet des tiges (Tetraphis pellucida,
Aulacomnium androgynum).

ECOLOGIE ET HABITATS :

Les bryophytes occupent des habitats (biotopes) très variés et se trouvent donc presque partout, sauf en milieu marin, en milieu littoral trop salé, en milieu trop sec comme certains déserts ou dans les milieux glacés polaires ou des hautes montagnes. De par leur biologie et leur physiologie, ces végétaux réagissent très finement aux microconditions du milieu et constituent donc la plupart du temps de bons bioindicateurs.
Les habitats concernés vont des milieux terrestres aux aquatiques, avec tous les intermédiaires, des milieux très ensoleillés aux très ombragés, avec une grande diversité de supports (rochers, sables, terre, humus, tourbe, écorce, bois mort, feuilles vivantes en milieu tropical …). Certaines espèces peuvent coloniser plusieurs habitats (par exemple, écorces et rochers, terre et rochers, bois mort ou tourbe ou humus brut). Enfin, il faut souligner l’importance du pH (acidité plus ou moins forte) et de la nature chimique, liés au taux de calcaire ou à celui de matières organiques.
Un premier habitat minéral, proche de nous et facile à observer, concerne les murs, toits et trottoirs, soit ensoleillés et secs, soit ombragés et humides, mais souvent un peu enrichis en nitrates. On y observe régulièrement de petites mousses acrocarpes, Tortula muralis, Syntrichia ruralis, Grimmia pulvinata, Orthotrichum anomalum, Bryum argenteum et B. capillare, Schistidium cf apocarpum et Ceratodon purpureus, et aussi quelques pleurocarpes comme Homalothecium sericeum ou Leucodon sciuroides.
Un autre habitat minéral colonisé par les bryophytes, et aussi par les lichens, est constitué des rochers et blocs. En plein soleil sur calcaire, on trouve les mêmes espèces ou des espèces proches de celles des murs, tandis que les rochers calcaires à l’ombre des bois hébergent souvent Ctenidium molluscum, Neckera crispa et Tortella tortuosa. Les roches acides portent d’autres espèces, dont Hedwigia ciliata, divers Racomitrium et Andreaea au soleil et des espèces des genres Hypnum ou Isothecium à l’ombre. On trouve parfois, dans des creux presque sans lumière, une curieuse mousse, Schistostega pennata.
Les pelouses sèches calcaires ouvertes accueillent des mousses de lumière, Pleurochaete squarrosa, Abietinella abietina, Homalothecium lutescens et Rhytidium rugosum, et les zones sableuses acides Racomitrium canescens et Polytrichum piliferum.
Les sables dunaires fixés sont riches en mousses, dont certaines en commun avec les pelouses sèches et d’autres plus typiques, comme Syntrichia ruraliformis. Sur les sols acides et secs de l’Ouest de la France, on rencontre souvent une mousse invasive, de Nouvelle-Zélande, Campylopus introflexus, formant des gazons brun-gris à poils blancs.
Les sols argilo-limoneux, plus ou moins tassés, hébergent de nombreuses espèces souvent de petite taille, comme les Fissidens aux feuilles bilobées. Il y a des espèces ou genres typiques des combes à neige (Anthelia, Polytrichum sexangulare), des terres
arables (micro-espèces à cycle annuel très court, divers Anthoceros, Riccia, Barbula, Bryum…) ou encore des cendres et place de feux, Ceratodon purpureus et surtout Funaria hygrometrica, plus connue. Les talus de montagne sont colonisés par les Pogonatum. Dans les prairies fraîches, les gazons peu entretenus et les lisières forestières (et aussi ailleurs), diverses mousses pleurocarpes sont fréquentes : Brachythecium rutabulum, Scleropodium purum, Rhytidiadelphus squarrosus et divers Eurhynchium. Les prairies humides sont abondamment occupées par Calliergonella cuspidata, entre autres. Les milieux forestiers et les plantes ligneuses offrent un très grand nombre de micro-habitats aux bryophytes, depuis le sol ou les rochers ombragés jusqu’aux rameaux supérieurs bien éclairés, sans oublier le bois mort en décomposition au sol.
Sur les sols acides des forêts et landes souvent riches en humus brut, on note les mousses, fréquentes et faciles à reconnaître, Polytrichum formosum, Atrichum undulatum, Leucobryum glaucum, Pleurozium schreberi, Rhytidiadelphus loreus, Ptilium cristacastrensis, Hylocomium splendens, Thuidium tamariscinum et l’hépatique Bazzania ; les talus hébergent Diplophyllum albicans, Mnium hornum, Dicranella heteromalla, Plagiothecium undulatum et les Isothecium. En forêt de montagne humide, Sphagnum quinquefarium est parfois présente ; c’est la seule sphaigne non inféodée aux tourbières.
En sous-bois plus neutre ou calcaire, on peut observer les hépatiques à feuilles Plagiochila asplenioides et Scapania nemorosa, les acrocarpes Fissidens spp., Rhodobryum roseum, Rhizomnium punctatum, Plagiomnium undulatum et P. affine s.l., et les pleurocarpes Rhytidiadelphus triquetrus, Thuidium philibertii, Thamnobryum alopecurum, Eurhynchium striatum et divers Oxyrrhynchium ou Brachythecium.
Les rameaux et les parties hautes des troncs portent des mousses, dont Leucodon sciuroides, Homalothecium sericeum, divers Orthotrichum et Ulota, et des hépatiques, dont Frullania spp., brun-rouge, Radula complanata et Metzgzeria spp., vert pâle. La base des troncs et les souches sont recouverts par Porella platyphylla et Anomodon spp. en milieu basique ou par Dicranum scoparium et diverses formes d’Hypnum cupressiforme en milieu plus acide. Cette dernière espèce est, par ailleurs, très répandue sur tous supports.
Le bois mort est un milieu très spécial, riche en petites hépatiques des genres Lophocolea, Lepidozia, Cephalozia, Blepharostoma…, accompagnées de diverses mousses dont Tetraphis pellucida en tapis et la minuscule Buxbaumia viridis, protégée européenne. D’autres espèces se nourrissent également de matières organiques décomposées : Splachnum ampullaceum vivant sur les vieilles bouses de vache humides et Cryptothallus mirabilis, une hépatique incolore au thalle caché sous les mousses et l’humus en sous-bois.Les zones humides en général sont très favorables aux bryophytes. Certaines
espèces vivent en permanence dans l’eau courante (Fontinalis antipyretica, Cinclidotus spp., Scapania spp.) ou dans l’eau stagnante (Riccia fluitans) et d’autres, plus nombreuses, se trouvent dans ou à côté de ruisseaux (Pellia), torrents, sources (Philonotis) ou cascades à débit variable, et subissent alors de fortes variations d’immersion. Dans les sources très calcaires, à l’origine des tufières, on trouve diverses espèces de Cratoneuron, recouvertes du calcaire précipité quand la pression de gaz carbonique diminue dans l’eau.
Dans les marais neutro-alcalins de plaine ou de montagne, les mousses pleurocarpes dominent (d’où le nom de marais à hypnacées), avec Calliergonella cuspidata, Campylium stellatum, Scorpidium spp., Drepanocladus spp., Tomentohypnum nitens… Elles sont accompagnées d’acrocarpes, Fissidens adianthoides, Plagiomnium elatum, Bryum pseudotriquetrum et d’hépatiques, Riccardia pinguis et Pellia endiviaefolia.
Dans les tourbières bombées et les marais acides, ce sont les sphaignes qui dominent (voir doc page suivante). Chaque espèce a un optimum de pH (de 3,5 à parfois 6,5) et de niveau hydrique, ce qui explique leur répartition très précise dans les divers types de tourbières et à différents niveaux dans une même tourbière (voir ci-dessous). Les sphaignes du sommet sont souvent rouges ou brunes, tandis que les autres sont vertes à vert-jaune

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